A ne trouver de sens et de la motivation à rien, ni boulot ni études, je suis prise au piège de ma propre vie, du temps qui passe et qui passera.

Je dois me forcer à jouer ma vie, à l'inventer, à la recréer, à lui donner des formes et des objets. Mais rien ne me vient. Alors je reste, j'attends, je réfléchis, puis j'imagine, je rêve et je fantasme. Et le temps passe.

J'imagine et je rêve. Je crois toujours que je trouverai un sens en aimant quelqu'un, en faisant les choses pour ce quelqu'un. Qui m'aimera en retour bien sûr, sans limite et à jamais. Je suis une désespérée de l'amour. Je désespère que quelqu'un tombe amoureux-se de moi, vive en couple et construise quelque chose avec moi. Qu'ielle vienne me sortir de ce labyrinthe sans couleur qu'est ma vie.

Oui je suis désespérée. Désespérée de ne pas avoir trouvé toute seule un sens à ma vie, et d'attendre que quelqu'un-e vienne m'en apporter un. N'est-ce pas là encore un signe de ma différence ?

Mais j'ai déjà envie de dire à ce quelqu'un-e, avec toute ma rage et la frustration de ces années passées: où étais-tu ? que faisais-tu ? qu'attendais-tu ? Regarde moi-maintenant. Tu peux voir en moi tout le temps que tu as gâché pour venir me sauver.  

Mais je veux continuer de rêver pour exister. C'est tout ce qu'il me reste en un sens. Je veux continuer de rêver d'être en couple avec mon copain, à la campagne dans une grande cabane. Sur la colline. Avec du bois au sec pour l'hiver. Des chats des chiens dans le jardin. Un potager à côté. Des ami-e-s dans les près ou les villages voisins. Des soirées dans l'ancienne grange commune. Pour un concert, un spectacle, un grand repas.

C'est beau d'avoir des rêves. C'est un peu le puits caché dans le désert. C'est ce qui nous donne encore la force de marcher dans le désert. Même si on n'est jamais sûr qu'on pourra l'atteindre.

                                                                                                                               Misirlou