• Mon Voyage en Vaginoplastie 4

    Cette lettre que je croyais alors être celle de ma date d’opération pour ma mammo. Que j’ai même sûrement dû laissée traîner plusieurs jours sur mon bureau. Quand enfin je me suis décidée à l’ouvrir pour en sortir à nouveau cette liasse de papiers, de brochures et de formulaires de l’hôpital. Un peu trop grosse pour annoncer ma mammo. Et pourquoi avec comme adresse d’expéditeur l’hôpital Lyon Sud ? Enfin je découvre sur une belle feuille rose écrit Morel-Journel et Vaginoplastie avec la date d’intervention au mois de février. Dans 5 mois seulement.

    Il me fallait donc réfléchir vite. Je n’avais qu’un cours hiver pour prendre ma décision, jusqu’à la veille de l’intervention. Mais valait mieux me décider au plus vite. Soit je repoussais une nouvelle fois cette opération mais je pensais en risquant cette fois de ne pas m’être reproposée de dates avant 2020. J’avais entendu parler de la liste d’attente longue de plus de deux ans que les nouveaux-elles patient-e-s devaient attendre avant d’être opéré-e. Soit je fonçais tête baissée jusqu’au bout. Finalement je choisis la deuxième option.

    Il fallait donc que je me prépare au mieux, au tant que je pouvais. Que mon appart’ soit rangé et propre du sol au plafond, que je me recale et vive le jour et non plus la nuit. Que tout le matériel nécessaire pour ma convalescence soit prêt et bien disposé. Je m’étais ainsi ordonnée de faire le grand nettoyage de printemps un peu en avance ce printemps. Une amie m’avait dit il y a plusieurs années de bien préparer ma chambre mon lit les courses et d’avoir acheté des bouteilles d’eau. Pour quoi faire les bouteilles d’eau je ne savais pas encore mais je l’écoutais. Il s’avérait plus tard que c’était pour nettoyer mon vagin après les dilations.

    Ca n’a pas été la grande révolution. Je n’ai peu de souvenirs de cette période là mais je me rappelle que je restais assez inactive et que je continuais à dormir la journée comme à mon habitude. Néanmoins peut-être que l’arrivée de l’opération a joué quelque chose car un mois avant j’ai trouvé mon premier travail depuis des années, un magnifique contrat de 1h par semaine pour travailler avec des enfants. C’était déjà beaucoup pour moi.

    Je ne pensais pas tant à l’opération que ça à vrai dire à part pour ranger et nettoyer mon appart. J’avais voulu faire une petite révolution pour me préparer mais j’en étais loin. Après tout j’étais toujours seule et en dépression et à ce titre pas capable de grands choses. Mais j’avais quand même réussi à décrocher ce job et j’en étais fière. Et me motiver à ranger et préparer mes affaires aussi c’était déjà quelque chose même si je n’en avais pas fait attends que j’aurais voulu.  

    Comme je l’ai dit plus tard cette opération est un peu venue comme un cheveux sur la soupe. Une nouvelle, ni bonne ni mauvaise, arrivée comme une lettre à la poste.

    Les choses sérieuses sont arrivées une à deux semaine avant l’intervention. Il fallait d’abord que je prévienne mon nouvel employeur d’un arrêt d’au moins un mois. J’avais été aussi à l’hôpital Lyon Sud pour préparer cette intervention et voir l’anesthésiste. J’aurais bien aimé ravoir Morel-Journel au téléphone mais il était à l’étranger et injoignable jusqu’au jour de mon opération. Quoi qu’il en soit les choses sont devenues plus concrètes dans mon esprit.

    Je devais acheter une crème dépilatoire pour peau sensible en pharmacie. J’avais déjà plusieurs mois auparavant la trousse de dilatateurs qui j’en crois mes souvenirs étaient assez chers et malheureusement pas remboursée. Après avoir essayé la crème dépilatoire sur un bout de mon bras pour voir qu’il n’y avait pas de réaction allergique, je me suis mise à dépiler mon pubis la veille de mon départ pour Lyon. Il ne fallait plus qu’il ne reste un poil, sur mon pubis, sur mes testicules et sur mon pénis. J’ai dû m’y prendre à plusieurs fois jusqu’à me couper un peu. Mais le travail était fait. Morel-Journel y verrait clair.

    Mon appart était prêt, j’avais acheté ces bouteilles d’eau, je m’étais dépilée lavée. J’avais le billet de train aller. Je ne savais pas encore pour le retour, quand il aurait lieu et comment. Mais je me voyais mal rentrer en train. Le seul hic restait que je n’avais plus d’ALD à ce moment là à cause de la lenteur de la sécu suite à mon changement d’état civil que j’avais réussi à obtenir deux ans auparavant. Mais la secrétaire de l’équipe m’a dit qu’ielles s’arrangeraient.

    J’étais donc prête à partir, sans savoir vraiment ce qui allait m’arriver, à part que j’allais changer de sexe. Je n’étais ni heureuse ni malheureuse ni allégée, un peu triste quand même. J’y allais c’est tout.


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