• La bible d'une transsexuelle

    Une amie lui confia un jour au lycée : « Tu es un ange tombé tragiquement des cieux un nostalgique jour de pluie d’automne. Tu n’as pu ces 18 dernières années trouver ta place ici-bas, et tu as vagabondé étourdi et étonné depuis. Rien ne te surprend chez nous, mais tout te semble étranger. Tout à pour toi a une signification complètement différente, plus forte et plus profonde que pour nous, et il t’est impossible de les communiquer. Elles te font à peine retrouver ceux à quoi tu n’aurais jamais dû être arraché, une transe qui te propulse sournoisement aux confins de ton ancien univers.

    Un jour, tu retourneras là-haut. Ce jour, tu seras le plus heureux de tous, car tu ne seras plus. Tu auras corps, entité, seulement tu ne seras ni la symbiose des deux sexes ni donc hermaphrodite, mais tu seras un ange que nous ne pourrons nous figurer jamais. Je te regarderais, la nuit comme le jour, envieuse, endeuillée mais impuissante, toi, devenue le plus sain esprit et le plus vénérable conseiller. Tu seras aimé de tous, et de toutes, peut-être secrètement plus par une plus que les autres, mais point physiquement, point d’un amour charnel.

    Tu pourras à ton plaisir et à ton aise revoir nos plus puériles ou stériles vanités qui nous alimentent qui jalonnent nos vies dans un acharnement insensé.  Je sais éperdument qu’au seuil d’un tel paradis je ne pourrais dûment me présenter, pour y rentrer, ne saurais-ce que pour t’y voir une seconde, avant de plonger finalement dans l’infini néant. Je peux seulement ici toucher cette nature déguisée qui reste l’unique moyen de ton intégration à l’humanité.

    Une fois là-bas, d’aucune main, d’aucun regard, d’aucun battement de cœur de quiconque tu ne pourras répondre, même de celle d’où naîtra le plus pur et harmonieux amour. Elle n’effleurera pas juste la cime des plus grands arbres, et encore moins les nuages les plus bas, pour t’encourager à redescendre et à faire de toi qu’un.


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