• Introduction

    Ca fait 8 ans maintenant. 8 ans et demi pour être précis. PrécisE. Ca fait un petit bout de vie. C’est passé vite. Je m’en rappelle notre prof de Maths au lycée qui nous disait qu’une fois que notre vie d’adulte allait commencer tout allait aller très vite. Et il avait raison, en tout cas pour moi. Ces 8 ans et demi ont filé, peut-être pas au début c’est vrai parce que j’ai connu des premières années de transition difficiles mais plus le temps est passé plus il ça c’est passé vite vite vite.

    Pour me présenter sommairement, parce qu’il faut quand même que vous puissiez me situer pour mieux vous identifiez à moi ou non, voilà un petit résumé objectif. Je suis blanche, d’un milieu bourgeois, française de naissance, meuf trans et vivant au début de cette histoire en banlieue parisienne. Je risque à tout moment de commettre des impairs ( classistes par exemple ) non volontaire dans mon récit mais je vais tenter au mieux de les éviter. Je m’en excuse par avance et je vous remercierai si avez le courage de m’en faire part pour que je puisse les corriger. Dépressive non-diagnostiquée depuis mon enfance, je suis peut-être plus par défaut solitaire et n’ai que quelques ami-e-s, un seul véritablement au début.

    Cette idée de mettre en mots toutes ces années, toutes ces épreuves qu’imposent la transition et toutes les souffrances qu’elles ont entraîné ne revient peut-être pas au moment idéal. J’affronte un nouvel et énième épisode dépressif, et je me remets doucement d’une nouvelle opération de féminisation. Je sors même de l’hôpital psychiatrique pour la troisième fois en un an. Mais peut-être qu’il y a une logique finalement, que j’écrive ça maintenant je veux dire, ou que je sois hospitalisée à de multiples reprises à ce qui semble être comme la fin de ma transition. Comme si il fallait que je me décide enfin à lancer toutes ces années de transition comme un boulet dans l’eau, tout en peinant à rester debout. Comme disait la mère de Forrest Gump (un film très important dans mon enfance) « tu dois mettre le passé derrière-toi si tu veux avancer ».
    Ou peut-être plus dramatiquement je m’en rends compte que je n’en sors pas de la transition, d’être trans. Comme a dit là Jonas Ben Ahmed les choses ont tendances malheureusement à s’empirer du côté des femmes trans avec le temps.


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